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Instruction n° 09-82-1903 concernant les mesures à prendre contre les MALADIES ENDEÉMIQUES
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Parmi les maladies qui s’opposent
le plus à la colonisation par l’Européen, il faut citer en première ligne le paliudisine.
Il occasionne chaque année un grand nombre d’entrées dans nos hôpitaux coloniaux, oblige à des rapatriements anticipés fort nombreux et entraîne une mortalité élevée.
Au cours de l’année 1900, on enregistrait un total de 1833 décès dans nos différentes formations sanitaires.
Or, 1162 étaient imputables aux maladies tropicales et, sur ce nombre, je paludisme en comptait 797, c’est-à-dire plus de la moitié.
Depuis trois ans, l’endémie palustre a coûté à la Réunion une moyenne annuelle de 1748 existences.
Au Sénégal, en 1901, sur 1341 entrées dans les hôpitaux, 416 ont eu pour cause le paludisme.
A la Guinée française, on a compté au cours de la même année, 123 entrées à l’hôpital, dont 77, ou plus des deux tiers, pour des affections paludéennes plus graves que le simple accès de fièvre pour lequel on ne se fait pas hospitaliser.
A Madagascar, pendant la période quaternaire de 1897 à 1900, la morbidité pour paludisme a été en moyenne de 604 p. 1000 d’effectif et le pourcentage de la mortalité a atteint 353.50 pour 1000, c’est-à-dire plus du tiers.
Les indigènes de toutes nos possessions, quoique payant un tribut moins lourd à l’infection malarienne, n’échappent cependant pas à ses atteintes.
Les chiffres énumérés ci-dessus, quoique déjà très élevés, ne peuvent donner qu’une idée approximative des ravages causés par le paludisme, attendu qu’ils ne portent que sur les
malades soignés dans les hôpitaux et qu’ils ne concernent pas les paludéens traités en ville.
D’autre part, les fonctionnaires et les soldats sont souvent l’objet de rapatriemients anticipés qui dégrèvent le chiffre des malades.
Quoi qu’il en soit, l’’énumération que nous venons de donner fait ressortir l’intérêt qui s’attache à combattre une affection qui pèse si lourdement sur les Européens aux pays chauds.
Or, tout récemment encore, le paludisme était considéré comme une maladie inévitable que devaient fatalement subir les Européens qui émigrent vers ces contrées lointaines; les pouvoirs publics, adoptant ce fatalisme, n’ont rien fait ou presque rien pour le combattre, parce qu’ils en
ignoraient les causes.
Le paludisme est cependant une maladie en partie inévitable.
Cette affection, connue depuis longtemps sous différents noms : fièvre intermittente, fièvre palustre, malaria, ete, suivant qu’on l’attribuait à telle ou telle cause, a été mise pendant de
longues années sur le compte des émanations des marais ou des sols humides, d’où son nom de malaria (mauvais air). Aussi conseillait-on pour s’en préserver de construire Îles habitations loin, ou tout au moins au vent des marais. On supposait en outre que ces vapeurs n’étaient pas susceptibles de s’élever très haut dans l’atmosphère, et c’est à cette circonstance qu’on attribuait l’immunité dont jouissent, en général, les endroits élevés à l’égard de cette endémie.
La découverte de Laveran, qui démontra que le sang des paludéens contenait un parasite auquel on a donné son nom (hématozoaire de Laveran), jeta un jour nouveau sur le paludisme. Mais d’où venait cet hématozoaire et comment pénétrait-il dans le sang? Telle était la question qu’on se posait, lorsqu’elle fut résolue, en partie, grâce aux travaux de médecins anglais et italiens qui nous apprirent que les moustiques pouvaient le transmettre à un homme sain, après s’être infectés au préalable en suçant le sang d’un paludéen.
La découverte, par Ronald Ross, de ce modede transmission était des plus importantes; mais la seconde question qui se posa ensuite et que se posent encore bien des médecins fut celle-ci:
le moustique est-il le seul agent de transmission du paludisme et ne peut-il pas puiser le germe ailleurs que sur un paludéen? En tout cas, quel a été le premier, du moustique ou de
l’homme, à être contaminé et où le premier infecté a-t-il pris le germe?
Beaucoup de personnes inclinent à penser que le moustique n’est pas le seul agent de transmission du paludisme. Ce n’est pas le moment de trancher cette question, qui n’est pas encore élucidée. Il est certain qu’à l’origine les êtres n’étaient pas ce qu’ils sont aujourd’hui; ils ont subi des transformations nombreuses.
Aussi, dans l’état actuel, devons-nous nous contenter de ce que nous savons de certain : c’est que le parasite de la malaria vit alternativement chez l’homme et chez le moustique. Ce dernier étant susceptible de le transmettre, il y a lieu de recourir à tous moyens pour le détruire.
Les moustiques, vulgairement appeiés cousins, appartiennent à la famille des Culicides, qui renferme une grande variété d’espèces dont le nombre va croissant chaque jour par suite
de l’étude spéciale de ces insectes à laquelle on s’est livré depuis que l’attention générale a été fixée sur eux.
Tous les moustiquent piquent, mais tous ne sont passusceptibles de transmettre telle ou telle maladie; chacun a, pour ainsi dire, sa spécialité.
Dans l’état actuel de nos connaissances, trois maladies : la Jilariose, le paludisme, Va fièvre jaune sont seules susceptibles d’être propagées de cette manière, Peut-être découvrira-t-on un
jour que la lèpre est susceptible d’être inoculée de la même facon, mais jusqu’à présent on n’a pu découvrir son bacille (bacille de Hansen) dans la trompe de moustiques qui avaient piqué des lépreux ou qui avaient été recueillis dans leurs cases.
Avant qu’on soupçonnât la transmission du paludisme par le moustique, rappelons que le docteur Finlay de la Havane, avait émis l’avis, dès 1881, que cet insecte transmettait la fièvre jaune.
Ne pouvant décrire toutes les espèces de moustiques, ce qui n’aurait d’ailleurs pas grande utilité au point de vue qui nous occupe, nous nous contenterons de parler de ceiles qui ont le triste privilège de transmettre les maladies que nous avons énumérées plus haut et de donner quelques
détails sommaires sur leurs habitudes, leur habitat, leur mode de reproduction, toutes choses qu’il est utile de connaitre, afin de lutter plus efticacement contre ces insectes.
On à cru pendant longtemps que les Culicides en général n’avaient qu’une vie éphémère; il n’en est rien, ils peuvent vivre des mois et même une année. Les mâles et les femelles se nourrissent de fruits; les femelles seules sucent le sang de j’homme et des animaux. Lis vivent le plus souvent près des habitations et ne peuvent se passer d’eau: c’est dans ce liquide que les femelles déposent leurs œufs et que ceux-ci éclosent, pour se transformer en larves d’abord, en nymphes ensuite, avant de devenir insectes parfaits. C’est à cette dernière phase de leur existence qu’ils abandonneront l’eau pour voler dans l’air, mais ils retournent à l’eau pour déposer leurs œufs à sa surface.
Il s’était accrédité que les larves de moustiques ne pouvaient vivre que dans l’eau douce, mais on vient d’en découvrir à Ismaëlia dans des mares contenant 9 grammes de sel marin par litre d’eau.
Aux pays chauds, la larve ne met que 8 à 10 jours pour devenir un insecte parfait; dans les climats froids ou tempérés, cette évolution peut demander un mois.
Les larves se nourrissent de végétaux aquatiques et servent à leur tour de nourriture aux poissons, aux libellules, aux têtards et aux hydrophiles.
Pour respirer, elles sont obligées de venir à la surface du liquide et sont munies à cet effet de trachées diversement placées sur le corps, suivant les espèces.
Les espèces qui nous intéressent au point de vue de la transmission des maladies sont les suivantes :
a) l’Anopheles, qui transmet le paludisme;
b) le Culex, qui transmet la filariose;
c) le Stegomya fasciata où Culex fasciatus, qui transmet la fièvre jaune.
Il est indispensable de savoir distinguer ces trois espèces, qui présentent des diffrences assez tranchées pour qu’on puisse facilement les reconnaitre à première vue.
Anopheles. — L’Anopheles se distingue des autres Culicides par un corps élégant, des ailes tachetées, un dard long et épais. De plus, lorsqu’il se pose sur un plan quelconque, son
corps est presque perpendiculaire à ce plan.
Sa larve flotte horizontalement sur l’eau, comme un bâtonnet, parce que ses tubes aérifères sont placés hori- zontalement près de sa queue. Vient-on à remuor le liquide dans lequel elle flotte, elle s’agite à la surface en imprimant à la partie arrière de son corps un mouvement de serpent. Le
plus souvent, la larve de l’Anopheles esttrès ténue, difficile à voir et échapperait aux recherches, si on ne prenait soin de recueillir une petite quantité d’eau dans un vase ou rnieux dans une assiette.
L’Anopheles vole surtout la nuit. II y à cependant des exceptions à cette règle, l’A. costalis volant et piquant pendant le jour. Il aime à déposer ses œufs dans les petites mares, les flaques d’eau qui ne se dessèchent pas trop vite, qui n’ont pas d’écoulement par les fortes pluies, qui ne contiennent pas de petits poissons et qui sont garnies d’herbes vertes. Il affectionne également les terrains herbus, humides, marécageux, même en saison sèche, les excavations provoquées par les travaux de terrassements que remplissent les eaux de pluie, etc.
Culex. — Le Culez a un corps plus grossier et un thorax plus épais que l’Anopheles: ses pattes et ses ailes sont de teinte uniforme, son dard est mince; lorsqu’il se pose sur un mur, son corps est parallèle au mur, la partie postérieure s’en rapprochant même très sensiblement; il pique surtout
le jour.
Une différence essentielle entre le Culex et l’Anopheles, c’est que le Culex se pose n’importe où et se voit facilement, tandis que l’Anopheles, il faut le rechercher, car il va se cacher dans les coins les plus sombres;
aussi peut-il passer inaperçu si on se contente d’un examen su perticiel.
(A suivre).